La compétition se poursuit avec un petit film remarquable, Constructors, du jeune réalisateur kazakh Adilkhan Yerzhanov.
Il nous propose un portrait peu flatteur des autorités de son pays à travers l’histoire – tragique jusqu’au cocasse - d’une fratrie expropriée.
Dans le terrain vague appartenant à leur famille, deux frères et leur jeune sœur vont devoir se battre pour conserver leur bien face à l’Etat qui s’apprête à le récupérer, à moins que les fondations au minimum ne soient construites dans un court délai. Mais sans outils, sans matériaux, la tâche s’annonce impossible. Tandis que, tout autour d’eux, les maisons fleurissent…
D’une durée assez courte (67 minutes), le film marque par l’efficacité du propos et de la mise en scène. Dans un noir et blanc saisissant, parfois dans un habile jeu d’ombres et de lumières, les scénettes se succèdent. La caméra se pose, observe. Une mécanique implacable se met en place. L’ennemi, de temps à autre, apparaît, sous la forme d’un fonctionnaire nonchalant qui vient asséner ses directives absurdes, comme un fantôme de cauchemar qui revient sans cesse hanter les lieux.
Au-delà de l’aspect politique du film, c’est aussi l’histoire d’une fratrie brisée que nous conte Yerzhanov. Avant de construire une maison, les trois jeunes gens vont devoir se reconstruire eux-mêmes. Entre la haine du jeune frère, les silences de la petite sœur, la maison à bâtir est le reflet de leurs liens familiaux rompus ; mais elle est aussi le signe de l’espoir…
Et comme dans toute bonne fable, il y a une morale ; elle est illustrée par le magnifique dernier plan du film, que nous vous invitons à découvrir par vous-mêmes…
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